A cause des perturbations sociales qui ont conduit à une rupture de la production de gaz, la Tunisie risque de plonger dans le noir, faute de cette matière précieuse et nécessaire au fonctionnement des turbines de la Steg pour la production d’électricité. C’est que la Steg, qui tire le diable par la queue depuis quelques années, a raclé les fonds de ses caisses et a dû aller sur le marché bancaire pour y récolter les devises nécessaires à ses achats d’électricité et de gaz de l’étranger dont la facture s’élève à plus de 4.300 MDT par an. Elle mène aussi depuis des mois tambour battant une campagne de recouvrement de ses impayés de l’ordre de 16 milliards de dinars, soit 764 millions de dollars au 31 mai 2020. Ce montant est dû à 47,3 % par les ménages et les petites entreprises, à 19,9 % par les établissements publics et à 17,8 % par les administrations publiques. Il n’empêche que le prix de l’électricité, qui est inférieur de 25 % par rapport à son coût de production, est l’une des principales raisons du déséquilibre financier de la société.
Cette situation a eu un effet direct sur le règlement des factures impayées de la Steg auprès de son principal fournisseur de gaz algérien, la Sonatrach. En effet, malgré le renouvellement du contrat d’achat et de vente de gaz naturel jusqu’en 2027, avec possibilité d’extension de 2 ans, auprès de la Sonatrach, la Steg traîne toujours ce boulet d’impayés locaux qui nuit à sa solvabilité internationale. Acculant la Sonatrach, qui subit de plein fouet l’impact de la chute du prix du baril de pétrole, à opérer des ajustements dans son modèle de fonctionnement pour accélérer le recouvrement de ses impayés internationaux, réduire les coûts, et relever la productivité.
Pourtant, la Tunisie, qui bénéficie d’une redevance sur le gazoduc acheminant le gaz algérien vers l’Italie, épargne l’équivalent de 500 millions de dinars (MDT) en recettes annuelles.
Quant bien même cet accord allègerait le fardeau de la trésorerie publique concernant la facture énergétique, la Steg reste engluée dans une crise sans fin et les foudres des consommateurs s’abattent sur elle à chaque réajustement au niveau des prix. Mais qui s’en soucie ? On broie du noir à longueur de journée au rythme d’une actualité maussade où les coupures d’électricité ne font que nous rappeler cette dure réalité une fois la nuit tombée. C’est que partout, le courant ne passe plus.